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Le secteur bancaire réagit avec incrédulité à la pression politique pour augmenter les intérêts sur les livrets d'épargne

Le secteur bancaire réagit avec incrédulité à la pression politique

Le secteur bancaire réagit avec incrédulité à la demande politique d’augmenter le taux minimal légal sur les livrets d'épargne.

Entretemps, les banques commerciales perçoivent déjà 3,25% d’intérêts sur l'argent qu'elles placent auprès de la Banque Centrale Européenne. Pourtant, les épargnants n’en profitent pas. Le compte le plus rentable sans conditions particulières n’accorde que 1,75% d’intérêts à ceux qui y placent leur argent durant toute une année.

Le ministre des Finances Van Peteghem a déjà écrit une lettre à la fédération bancaire Febelfin pour lui signaler cet écart, mais elle affirme ne pas vouloir prendre position parce qu’aucun accord sur les prix ne peut être conclu au niveau sectoriel.

La secrétaire d'Etat Bertrand veut demander à Van Peteghem de rendre plus intéressant à nouveau l'e-DEPO de la Caisse des dépôts et consignations afin de faire bouger les choses sur le marché de l'épargne. Si ce n'est pas possible, elle veut que le taux minimal légal sur les livrets d'épargne soit augmenté.

 

Pourquoi les taux n'augmentent-ils pas aussi rapidement?

A présent, la fédération bancaire Febelfin invite le gouvernement à réfléchir en profondeur au sujet d'éventuelles initiatives légales. En effet, les taux d'épargne ne sont pas uniquement déterminés par le taux de dépôt de la BCE, selon elle.

«Durant plusieurs années (entre juin 2014 et juillet 2022), les banques ont été confrontées à un taux de dépôt négatif auprès de la BCE, ce qui signifiait donc qu'elles devaient payer pour y placer leurs dépôts, tandis qu'en Belgique, le taux minimal de 0,11% a toujours été maintenu. Il s’agit de toute une période durant laquelle ce taux minimal a été supérieur au taux directeur de la BCE. Les épargnants belges n'ont donc jamais connu de taux 0 ou négatif sur les livrets d'épargne réglementés, contrairement à de nombreux autres épargnants européens,» selon l'union professionnelle Febelfin.

Par ailleurs, Febelfin affirme que les taux d'épargne que les banques peuvent accorder, sont déterminés en grande partie par les taux qu'elles perçoivent elles-mêmes sur leur portefeuille de crédits et d'obligations en cours. Une longue période de taux bas signifie également que les prêts hypothécaires ont été accordés à des taux d'intérêt particulièrement bas durant plusieurs années. Un taux d'épargne est déterminé à court terme, mais un prêt immobilier dispose d’une durée moyenne de 20 ans. Dès lors, les emprunteurs qui ont opté pour un taux d'intérêt fixe, pourront bénéficier d'un faible taux d'intérêt durant une période de 20 ans. La Belgique est l'un des rares pays européens dans lequel autant de crédits à taux fixe (sur les 13 dernières années, les crédits à taux fixe ont presque systématiquement représenté plus de 70% de la production globale) sont accordés sur une aussi longue durée. Ce système contribue à la stabilité financière des emprunteurs parce qu’il n'est pas soumis à la hausse des taux d'intérêt. Beaucoup plus que dans d'autres pays, les banques belges doivent donc tenir compte du risque d'intérêt dans leurs analyses de risques à long terme.»

«En outre, il n'est pas correct de comparer les taux sur l'épargne à court terme avec les taux sur la production récente de crédits hypothécaires et aux entreprises à long terme. En effet, la hausse des taux est appliquée sur l'ensemble du portefeuille des dépôts réglementés, tandis que ceci n'est pas d'application pour le portefeuille de crédits. La grande majorité du portefeuille actuel de crédits immobiliers provient de la période de 10 ans durant laquelle les taux bas étaient d’application (la nouvelle production et une grande vague de refinancement en 2015-2016). En ce qui concerne les crédits hypothécaires et aux entreprises à long terme, le taux supérieur n'est appliqué que sur les nouveaux crédits accordés. Concrètement: les taux sur les livrets d'épargne sont uniquement appliqués sur les volumes considérables (294 milliards d'euros de dépôts réglementés), tandis que la production de crédits est restée limitée et a diminué sur la période écoulée, en partie suite à la politique menée par la BCE (7,2 milliards d'euros de nouvelle production depuis le mois d’octobre 2022). Les taux d'intérêt supérieurs sur la nouvelle production de crédits sont donc limités au niveau du volume, par rapport au volume considérable des dépôts en cours en Belgique. Concrètement: il y a environ 300 milliards de dépôts réglementés; toute augmentation des taux de 10 points de base sur les dépôts coûte presque 300 millions d'euros au secteur. Une augmentation de 1% sur les dépôts coûte 3 milliards d'euros au secteur.»

 

Les taxes

Finalement, les banques évoquent les taxes bancaires et la contribution au système de garantie des dépôts. Ensemble, elles s'élèvent à 0,24% et ce pourcentage sera augmenté jusqu’à 0,31% en 2025. Ces montants seront transférés vers le budget et le gouvernement en profitera donc. Etant donné que les taxes sont prélevés sur les dépôts, ces prélèvements gouvernementaux sont directement prélevés sur les épargnants au lieu d'être payés aux épargnants par les banques.»

«Mais il y a encore plus que les prélèvements bancaires belges. Les banques doivent également payer une contribution de 0,14% au Fonds de résolution unique. Ainsi, la contribution globale s’élève à 0,38% en ce moment.»

 

 

 

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