La crise liée au coronavirus rend-elle les prêts hypothécaires plus chers?
Les prêts pour construire ou acheter une habitation deviendront-ils plus chers? Certains éléments indiquent que le niveau historiquement bas des taux hypothécaires pourrait toucher à sa fin, bien qu’il y ait également des forces adverses qui continuent de les réduire.
Un indicateur pour l’évolution des taux hypothécaires: l’OLO sur 10 ans. Il s’agit du taux que les banques obtiendraient au cas où elles placeraient leur argent dans une obligation d’Etat avec une telle durée restante. Elles considèrent cela comme le taux sans risque. Autrement dit: la compensation qu’elles obtiendront si elles veulent être absolument sûres de récupérer leur capital déposé au bout de la durée.
Toutefois, si les banques décident de ne pas prêter cet argent à l’Etat, mais à un particulier en vue de la construction ou de l’achat d’une habitation, elles factureront une prime de risque en plus de ce taux sans risque. Il s’agit d’une compensation supplémentaire parce qu’elles sont moins sûres de pouvoir récupérer leur argent au bout de la durée.
Les dernières semaines, le taux de base a augmenté. Le 12 mars, le taux de l’OLO sur 10 ans s’élevait encore à -0,22%. Il était donc négatif. Le 17 avril, il s’élevait déjà à + 0,09%, soit une augmentation de 0,31%.
Tuyau: Ici, vous trouverez l’évolution de l’OLO sur 10 ans.
Il est difficile d’estimer comment les taux sur cette OLO évolueront. Actuellement, plusieurs facteurs jouent un rôle à ce niveau.
Tout d’abord, la Banque Centrale Européenne s’efforce de maintenir ces taux bas de sorte qu’ils restent abordables pour les gouvernements. En outre, les taux bas engendrent un climat d’investissement intéressant, ce qui est favorable pour les entreprises (et donc pour l’économie ainsi que l’emploi).
D’autre part, il y les marchés financiers. Ils tiennent également compte de l’offre et de la demande en matière d’argent ainsi que des risques qui y sont liés. Suite à la crise liée au coronavirus, les gouvernements ont besoin de beaucoup plus d’argent, ce qui augmente son prix (le taux). En outre, les fournisseurs de capital doivent prendre plus de risques. Bien que les prêts au gouvernement soient encore toujours considérés comme des investissements sans risque, ce n’est pas le cas en pratique. Les Etats peuvent également manquer à leurs obligations en matière de remboursement. Suite à la crise liée au coronavirus, ils risquent de s’endetter. Selon Moody’s, le bureau qui assure le suivi de la crédibilité des entreprises et gouvernements, il peut même s’agir d’une situation permanente.
L’évolution
Selon l’aperçu des taux de l’Immotheker, les taux des prêts ont légèrement augmenté durant les dernières semaines (cela vaut pour une partie des crédits, en tout cas). Pour un prêt sur 10 ans à taux fixe, selon lequel 81-100% de la valeur du bien immobilier a été emprunté, le taux effectivement appliqué a augmenté de 1,12% à 1,14%. Pour un prêt sur 20 ans, il s’agissait d’une augmentation de 1,51% à 1,54%. Il ne s’agissait pas encore d’une augmentation significative, mais c’était le premier sursaut depuis longtemps.
Les restrictions
A part l’évolution des taux sans risque, un autre élément détermine les taux d’intérêt. Ainsi, la Banque Nationale a imposé des conditions plus strictes aux banques commerciales. Elles sont censées ne plus prêter que 90% de la valeur du bien immobilier. Néanmoins, pour certains dossiers, elles peuvent encore toujours dépasser ce plafond. Les banques qui le font, seront plus enclines à facturer une prime de risque plus élevée, en plus du taux sans risque.
De toute façon, suite à l’évolution moins favorable de la situation économique, les banques risquent de devenir plus conscientes des risques. Suite à la crise liée au coronavirus, de plus en plus de personnes ont vu baisser leurs revenus de sorte qu’elles éprouvent plus de difficultés à respecter leurs obligations en matière de remboursement. Par conséquent, les banques seront moins enclines à prêter des quotités élevées si elles ne sont pas compensées à cet effet.
Les frais de financement
Il y a encore un autre élément très important: les frais de financement que les banques doivent payer. L’argent qu’elles mettent à disposition de leurs clients via des prêts hypothécaires, provient des avoirs d’autres clients. Dans notre pays, il s’agit surtout de l’argent que les épargnants placent sur les comptes à vue, comptes d’épargne et comptes à terme. Les banques savent que ces avoirs ne seront jamais entièrement retirés (ou qu’ils ne le seront qu’au bout d’une certaine période). Elles peuvent prêter cet argent à ceux qui ont besoin d’un crédit.
Actuellement, les banques ne paient pas d’intérêts sur les comptes à vue. Sur les comptes d’épargne, il s’agit dans la plupart des cas d’un taux de base de 0,01%, éventuellement complété par une prime de fidélité de 0,10%. En outre, les banques doivent payer des frais à l’Etat en vue de la garantie d’Etat sur les épargnes.
Durant la crise liée au coronavirus, ces taux n’ont pas changé. Ceci explique en partie pourquoi l’augmentation des taux de l’OLO ne s’est pas poursuivie plus considérablement au niveau des taux hypothécaires.
Tuyau: Ici, vous trouverez un aperçu des taux des comptes d’épargne dans notre pays.
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