Les emprunteurs vont-ils payer le prix pour les taux élevés des comptes à terme?
L’été dernier, les banques belges se sont rendu la vie dure en accordant des taux élevés sur leurs comptes à terme afin de récolter le plus possible les milliards libérés via le bon d'Etat Van Peteghem. Par conséquent, elles devront payer plus d'intérêts sur l’argent récolté dans les mois/années à venir. Vont-elles récupérer cet argent en appliquant des taux plus élevés sur leurs prêts?
Les banques ont une fonction de transformation. Ceci signifie qu'elles récoltent de l’argent auprès des épargnants afin de le prêter ensuite à ceux qui veulent investir ou ont besoin d'argent temporairement. La différence entre les intérêts qu'elles doivent payer à leurs épargnants et les intérêts qu'elles facturent aux emprunteurs, constitue leur marge d'intérêt.
Auprès de KBC, la marge d'intérêt durant le premier semestre s’élevait à 2,10%. Auprès d’ING, elle s’élevait à 1,86%. Auprès de Belfius, elle s’élevait à 1,42% et auprès d’Argenta, elle s’élevait à 1,23%. Il s'agit de différences considérables, mais pouvant être expliquées. KBC inclut dans ses résultats ses activités en Europe centrale, où les marges d'intérêt sont plus élevées qu'en Belgique. Belfius et Argenta gardent l'épargne et les crédits plus à proximité, en revanche.
La marge d'intérêt est l'une des principales sources de revenus d'une banque, en plus des commissions sur les produits d'investissement et les assurances, par exemple. Voilà pourquoi les banques la surveillent de près. Si elles doivent payer plus d'intérêts sur les épargnes récoltées, ceci se traduit par des crédits plus chers, en général.
Des taux élevés
Depuis longtemps, les banques belges affirment qu'elles peuvent maintenir bas leurs taux hypothécaires dans notre pays parce qu'elles peuvent récolter des épargnes d’une manière relativement avantageuse. Ceci peut surtout s’expliquer par l'exonération fiscale de la première tranche d'intérêts sur les livrets d'épargne. Les banquiers doivent donc payer moins d'intérêts, tandis que les épargnants obtiennent quand même un meilleur rendement net sur leurs épargnes.
Toutefois, fin août - début septembre, diverses institutions financières accordaient des taux élevés sur leurs comptes à terme, ce qui a engendré un transfert considérable de l’argent des livrets d'épargne avantageux vers des formules plus coûteuses. ING avait donné le ton. D'autres banques ont suivi son exemple, mais à contrecœur. «A présent, nous accordons un taux de 3,80%, tandis que sur le marché interbancaire, les banques s’accordent des prêts au taux de 3,10%,» avait déclaré à l'époque Johan Vankelecom, le directeur financier de Belfius.
Via ces taux élevés, les banques voulaient récupérer les milliards d’euros qu'elles avaient vu s'envoler vers le bon d'Etat 1 an auparavant. Jadis, près de 22 milliards d'euros d'épargnes avaient été transférés vers le gouvernement. Les banques n'ont donc plus pu utiliser cet argent en vue de le prêter, ce qui leur a également fait perdre des revenus d'intérêt.
Tuyau: Découvrez ici quels taux les banques accordent sur leurs comptes à terme actuellement.
Les banques ont réussi à récupérer ces épargnes. Seuls 400 millions d'euros de l’argent libéré ont été réinvestis dans des bons d'Etat. Elles ont pu récupérer plus de 21 milliards d'euros.
Les prêts vont-ils devenir plus chers?
Ceci signifie-t-il que les taux hypothécaires vont augmenter? En théorie, oui, mais la réponse à cette question est probablement plus nuancée. Il suffit d’analyser l'évolution des taux hypothécaires. Selon le baromètre des taux d'Immotheker, le taux moyen des prêts à taux fixe sur une durée de 20 ans a baissé jusqu’à 3% si l'emprunteur emprunte au maximum 80% de la valeur de son bien immobilier, soit 0,67% de moins qu'il y a 1 an. En outre, ce pourcentage est inférieur aux taux que diverses banques accordaient encore début septembre.
Tuyau: Découvrez ici quelles offres les banques ont accordées sur leurs prêts hypothécaires récemment.
Comment est-ce possible? Tout d'abord, les prêts hypothécaires sont des engagements à long terme. En revanche, les meilleurs taux d'intérêt accordés par les banques sur leurs comptes à terme en septembre concernaient les durées de 6 mois et 1 an. Au bout de ces dernières, les banques accorderont des taux moins élevés probablement. Cette tendance a déjà été déclenchée d’ailleurs. Actuellement, le meilleur taux pour un compte à terme sur 1 an s’élève à 3,35% auprès d’Izola Bank et à 3,10% auprès d’Europabank. Vers la date d'échéance du bon de caisse, il s’élevait encore à 3,80% (voire 4,00%).
En 2ème lieu, de l'argent supplémentaire a été transféré vers les comptes d'épargne et les comptes à vue (de l'argent ‘bon marché’ pour les banques) durant les mois précédents, car de nombreux épargnants y ont temporairement placé leur argent en attendant de bonnes offres en septembre. Lors du 2ème trimestre, les dépôts sur les comptes à vue ont augmenté de 4,2 milliards d'euros, tandis que ceux sur les comptes d'épargne ont augmenté de 4,8 milliards d'euros.
En 3ème lieu: les banques, que doivent-elles faire avec les milliards d'épargnes qu’elles ont récupérés? Doivent-elles les placer auprès de la Banque Centrale, qui a réduit ses taux d'intérêt entretemps, ou rechercher des emprunteurs? L'augmentation de l'offre en matière d'argent disponible auprès des banques pourrait réduire les taux pour les emprunteurs.
La leçon d’Argenta
Il se peut que les taux des crédits soient maintenant légèrement plus élevés qu'ils ne l'auraient été sans les taux élevés des comptes à terme, mais les emprunteurs ne devront probablement pas payer la totalité de la facture. Une partie de cette dernière aboutira également chez les actionnaires des banques, qui garderont moins de bénéfices.
Le cas d'Argenta en est la meilleure preuve. Durant le premier semestre, cette institution avait réalisé des bénéfices nets de 160 millions d'euros, soit 10% de moins que les 178 millions d'euros datant de la même période de l'année précédente. Jadis, la banque avait contré l'émission du bon d'Etat (taux brut de 3,30%, taux net de 2,805% grâce au précompte mobilier réduit de 15%) en proposant un compte à terme dont le rendement brut s’élevait à 4,01% (rendement net: 2,81% - précompte mobilier de 30%). Le coût qui y était lié, s'est répercuté en partie sur les comptes de la banque pour le premier semestre de l'année.
La banque anversoise n'est d'ailleurs pas la seule qui se trouve dans cette situation. Michael Anseeuw, le patron de BNP Paribas, nous avait également déjà avertis que la surenchère liée au bon d'Etat faisait pression sur la rentabilité des banques.
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